Les plaisirs du dictionnaire
J’aime les mots. Et j’aime chercher leur définition dans un dictionnaire plutôt que sur un téléphone portable. Le dictionnaire attire l’attention sur d’autres mots, inconnus, parfois bizarres. Il laisse libre cours à l’imagination. Tandis que le portable nous guide immédiatement sur la cible. Pas de découverte surprenante.
Mon dictionnaire préféré est Le Petit Robert de la langue française. J’en possède deux exemplaires, Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2008 et Le Petit Robert de la langue française édition des 50 ans, de 2017. Celui-ci trône toujours sur mon bureau.
De plus, j’ai également acquis Le Petit Robert des noms propres, édition 2015, dictionnaire illustré. Sur la jaquette, il est précisé : « Toute la culture générale en un seul volume illustré : histoire, géographie, politique, arts et spectacles, philosophie, religion et mythologie, sciences et techniques, sport. » Rien ne manque, semble-t-il.
Le Petit Robert a fait suite au Grand Robert publié entre 1951 et 1964, en six volumes, sous la direction de Paul Robert, et dont Alain Rey dirigea la rédaction. Pour lui faire suite, Alain Rey, Josette Rey-Debove et Henri Cottez décidèrent de rédiger un dictionnaire en un volume « qui conserverait tout l’esprit et les richesses de ce « Nouveau Littré », comme l’écrivit Alain Rey.
En deux ans, ils réussirent leur pari et le premier Petit Robert parut en 1967. Depuis 1993, une nouvelle édition annuelle apporte des enrichissements.
Classements
D’une année à l’autre, le nombre de pages pour chaque lettre ne change pas. Le P reste la lettre qui arrive en tête, avec 298 pages. Le C la suit (292), puis le S (206), et le A (202), en quatrième position.
En queue de classement, sans surprise, les quatre dernières lettres de l’alphabet occupent les dernières places : le Z est 19e, le W, 20e, le Y, 21e et, le X ferme la marche, sur deux pages seulement.
On peut s'étonner d'arriver à la 22e place, alors que l'alphabet compte 26 lettres. C'est que certaines lettres ont le même nombre de pages.
Comment se fait-il que le P figure en premier ? Sans doute en raison des mots très nombreux débutant par « pré » et « pro ».
De Abaca, 1664, espagnol des Philippines, matière textile appelée aussi chanvre de Manille ou tagal, tirée des pétioles des feuilles du bananier, à ZZZZ…, 1892, zi zi zi exprimant le sifflement du vent, on parcourt la totalité des 2764 pages du dictionnaire. Sans compter les annexes qui peuvent fluctuer d’une année à l’autre.
J’apprécie particulièrement l’une d’elles, sur les conjugaisons et l’accord du participe passé, notamment avec l’auxiliaire être, qui me trouble si souvent. Et là, surprise, j’ai trouvé une différence entre mon édition de 2017 et celle de 2025 (dénichée à la bibliothèque d’UniMail) : « Elles se sont fait belles (se faire beau, locution verbale) » pour la première et « Elles se sont faites belles » dans la seconde, qui ne mentionne plus la locution verbale.
Sites suisses
Dans Le Petit Robert des noms propres, deux lieux suisses sont cités au début et à la fin du dictionnaire. En page 2, Aar ou Aare, de arola, racine pré-indo-européenne ar, cours d’eau, affluent du Rhin.
En dernière page, Zurich (paix de) : ensemble des accords signés le 10 novembre 1859 entre l’Autriche, la France et la Sardaigne, qui marquèrent la fin de la campagne d’Italie.
Sons
La sonorité des lettres offre un terrain intéressant. Le son Que peut être entendu par quatre lettres, ce qui est unique : le C dur, lorsqu’il n’est pas suivi par E ou I, le K, le Q et le X.
Me voici en quête de quelques doubles C cocasses : caca, coco, cocu, coucou, cucul, kaki, quéquette, XXL.
En allant plus loin, on tombe sur des dérivés du grec kakos, mauvais : cacochyme (maladif), cacodyle (arsenic malodorant), cacographie (écrit plein d’erreurs) et surtout cacophonie, qui nous casse les oreilles.
Le Q est toujours accompagné par U, pourquoi ? je n’ai pas de réponse. Il y a cependant une exception, le coq, qui chante pour se faire remarquer.