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Les vieilles s'assument

Des aînées, des séniores, des anciennes, des croulantes, des vioques, des vieilles quoi ! (Les vieillardes n’existent pas dans le dictionnaire.)

Elles font parler d’elles, elles s’assument, se mettant sur le devant de la scène.

Les Aînées pour la protection du climat viennent d’obtenir un succès spectaculaire en réussissant à entraîner la Cour européenne des droits de l’homme dans leur sillage : grâce à ou à cause d’elles, la Suisse a été condamnée pour traîner les pieds dans la lutte contre le changement climatique.

 Silver Power

Des expositions concernant les femmes d’un certain âge ont sillonné les cinq cantons romands, intitulées Silver Power. La dernière mouture est arrivée à Genève, au parc des Bastions et sera visible jusqu’au 30 avril. A l’occasion de la publication du catalogue de l’exposition, des femmes qui se sentaient concernées ont été invitées à se réunir pour une photo collective, samedi 20 avril au parc de Bastions. Dans la joie et la bonne humeur !

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Silver Power ! Il ne s’agit pas du pouvoir de l’argent, comme le titre pourrait le laisser croire. Dommage qu’une fois de plus la langue française ait été balayée par l’anglais.

Ce Silver Power, cette force argentée, n’est pas non plus celle des coiffeurs, qui encouragent les teintures, quoiqu'elle se réfère aux cheveux gris que les femmes auraient tort, ou non, de combattre. La photographe vaudoise Ghislaine Heger a posé  la question à une centaine de Romandes fières de leurs cheveux gris.

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Chaque photographie est accompagnée d’un texte expliquant leur relation à leur chevelure.

La plupart d’entre elles ont découvert très jeunes l’apparition de cheveux gris. Leur première réaction vise à les arracher un à un. Action évidemment vouée à l’échec. Puis vient l’envie de les teindre. Des mèches d’abord, des teintures complètes ensuite.

Arrive l’acceptation du changement. Devant la perte de temps, la perte financière, et celle de son identité, on renonce au combat. « Ce n’était pas juste une affaire de budget : derrière cet acte, il y avait une vraie démarche militante et politique concernant la femme et les injonctions qui font partie des stéréotypes de genre ! », écrit la comédienne Fanny Brunet, qui conclut en inventant un mot : « Mes cheveux blancs sont devenus un empouvoirement », joli néologisme pour remplacer l’empowerment anglais.

Une réponse

Annik Saunier, enseignante de danse moderne, a trouvé une réponse : « J’ai pensé qu’il devait bien y avoir une raison naturelle, et pourquoi pas sacrée, pour que, l’âge venant, nos cheveux changent de couleur. Et si c’était pour que la lumière s’y reflète mieux ? ». Elle y voit même le symbole du monde intérieur, du féminin sacré, (…) un symbole de purification, de pureté ». Une réflexion qui paraît un peu tirée par les cheveux.

Il y a là le désir de ne pas suivre une mode plus ou moins imposée par la société.

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Publicité chez un coiffeur

C’est souvent la pression extérieure qui incite à la coloration. Il arrive que l’époux ne supporte pas que sa compagne vieillisse sous ses yeux. Les enfants comparent leur mère à leur grand-mère.

Dans d’autres cultures, le problème ne se pose pas. Les musulmanes de stricte obédience doivent cacher le moindre cheveu sous un foulard, un voile ou tout autre couvre-chef. Les juives portent parfois des perruques.  

C’est une manière  de « s’assurer une forme de contrôle sur leur pouvoir de séduction », explique la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider qui a participé au projet. Pour sa part, elle avoue : « Je ne peux pas dire que le passage au gris soit allé de soi, ni pour mon entourage ni pour moi. Mais une fois que la décision a été prise, cela m’a paru une évidence. »

                                                                  Essentiel  ?                                                                       

Le problème de la teinture s’est posé de façon épineuse au moment du confinement exigé par l’épidémie de covid. Les salons de coiffure, n’étant pas jugés essentiels, avaient été fermés. Plus question de coupe ni de teinture. C’est alors que Ghislaine Heger a commencé à se demander quel était le rôle du cheveu gris dans la vie des femmes.

Certaines, devant  les portes closes des coiffeurs, se sont résignées. Pour s’encourager, elles pourraient chanter la chanson de Jean Nohain et Mireille, qui date de près d’un siècle :

Pourquoi t’es-tu teinte Philaminte, pourquoi t’es-tu teinte, c’est affreux !

J’aimais beaucoup mieux ta vieille teinte, j’aimais beaucoup mieux tes vieux cheveux !

Commentaires

  • Je suis toujours déçu que pour une chose des plus naturelles, on doive créer un mouvement pour expliquer et justifier ce qui, selon mes convictions et pensées, ne devrait pas être un problème... Preuve que notre civilisation a encore beaucoup de travail à faire.
    Dommage qu'elles ont oubliées leurs racines françaises en teignant leur nom d'une couleur anglaise, fort peu plaisante.

  • Et moi aussi, j'oublie mon français... Il faut lire "oublié" !

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