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Le MAH minimal

Le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) s’enorgueillit de posséder la plus grande collection de pastels de Suisse. Qui contient, annonce-t-il, des œuvres de l’âge d’or du pastel – le 18e siècle - , de Berthe Morisot, de Vuillard, etc.

Il vient d’annoncer une nouvelle exposition dont on se réjouissait.

Pastels

Sur les 350 pastels qu’il abrite dans ses réserves, on espérait découvrir des chefs d’œuvre cachés. Or que voit-on ? Trois petites salles présentant onze Liotard, deux Maurice-Quentin de La Tour et un Guillebaud.  Des pièces, très belles assurément, que l’on a déjà vues souvent. 

Le pastel est une technique semblable au dessin, sur des supports fragiles. Il supporte mal la lumière. Il ne peut être exposé de manière permanente, évidemment. Mais que dire d’une exposition si minimale ?

Bien sûr, on aime notre Liotard genevois et on ne lui nie pas la priorité. Pourtant, on ne nous en offre que des portraits connus, dont celui de Madame d’Epinay, accompagné de plusieurs copies gravées, et cette charmante Madame Tronchin.

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 Il y en a un toutefois, surprenant : le Portrait de Rodolphe Coteau qui date de 1788, dernière œuvre connue exécutée par l’artiste. Elle bénéficie d’un « traitement extrêmement libre », ainsi que l’indique le cartel explicatif. Le dessin des lèvres, notamment, qui semble hésiter entre les couleurs à adopter.

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Bref, si on peut dire. On en attendait davantage.

 

Salles vides

Que se passe-t-il au MAH ? Même les gardiens s’en étonnent. Quand des salles sont vidées de leur contenu habituel, on s’imagine qu’elles ont pour but de montrer du nouveau. Erreur. Là encore, c’est la présentation minimale.

En entrant, dans la salle de gauche, qui, précédemment, nous a amusés avec des sculptures de Tinguely, et éclairés par un stand tenu par une personne en chair et en os, il n’y trône qu’un énorme canapé rose autour d’une sculpture.

La salle suivante, celle des armures, contient encore les vitrines remplies de leurs armes habituelles, pour nous rassurer – on est bien défendu. Et l’on peut admirer le parquet bien ciré. Il brille par l’absence de tout objet.

Faut-il imputer ces vides aux problèmes d’étanchéité, de vieillissement, de manque d’entretien dans un bâtiment dont on continue à mettre en doute tous les projets de rénovation ?

Il n‘y a pas que des déceptions. Dans l’exposition qui va s’achever bientôt, L’ordre n’a pas d’importance, rappelant des présentations antérieures, une toute petite pièce ne peut laisser indifférent : un exemplaire minuscule de la magnifique sculpture de Henry Moore est placée précisément devant la vitre à travers laquelle on peut distinguer l’œuvre elle-même.  

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Reclining figure, arch leg, Henry Moore, qui date d’env. 1970, a été achetée par le MAH en 1974. C’est l’artiste lui-même qui a choisi l’emplacement sur la butte de l’Observatoire.

Confrontation

Au premier étage, à gauche, la grande salle est consacrée à un peintre turc : Les murs de Burhan Dogançay. Cet artiste, mort en 2013, à l’âge de 94 ans, avait fait l’objet d’une exposition au MAMCO en 2019. Sa veuve ayant fait don de cette œuvre très conceptuelle au MAH, celui-ci a jugé bon de proposer au public cet ensemble hétéroclite.

A droite, le fameux retable de Konrad Witz, La Pêche miraculeuse, le premier paysage reconnaissable de notre rade, datant de 1444, est toujours là. Il a été placé dans une vitrine respectant les conditions climatiques nécessaires à sa conservation. Mais il n’est plus entouré des peintures de la même époque.

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Les murs sont vides, à part deux cartels. L’un explique que « dans cette salle, le MAH imaginera des accrochages et des installations permettant au public de voir et revoir ce chef d’œuvre ».  L’autre se rapporte à l’œuvre contemporaine posée au sol : Geneva, Circle One (1987) de Richard Long. Le sculpteur anglais est connu pour ses créations sur sol, le land art.

La confrontation est extraordinaire, indubitablement. Les dalles de granit gris du Valais contrastent dans leur simplicité avec la subtilité, la précision, la couleur, le réalisme imaginatif des toiles peintes cinq siècles plus tôt. Deux arts s’opposent dans toute leur essence.

Activités annexes

Il se passe toutefois des événements dans notre grand musée genevois. Peut-être cela explique-t-il les salles vides. Il faut de la place pour accueillir des activités annexes. On peut désormais suivre des cours de pilates sous l’inspiration de l’art. On propose aussi des visites dansées, des concerts, bref du mouvement, du dynamisme face au silence éternel de la peinture ou de la sculpture.

Pourtant, en voyant la photographie des réserves, prise par F. Bevilacqua, et publiée dans le N° 4 de MAGMAH, le magazine du Musée, on salive en devinant  tant de toiles accumulées et invisibles.

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Le MAGMAH, parlons-en. La revue semestrielle est encore gratuite, mais le directeur du MAH, Marc-Olivier Wahler, souhaite en encourager le paiement par cette suggestion, aussi valable pour l’entrée aux expositions : « Donne ce qu’il te plaît ». (Un tutoiement qui étonne ; il ne s’adresse pourtant pas à des enfants !) Il précise que chaque numéro revient à 15 fr. environ. De nombreuses photographies, souvent très belles, des textes, parfois descriptifs, instructifs ou abscons, remplissent les 120 pages. 

Drôle de titre que ce MAGMAH, tout comme le site internet MAHMAH, d’ailleurs, plutôt infantile.  Le magma est « une bouillie épaisse », à en croire le Petit Robert, « de consistance pâteuse ».  Le MAH ne craint pas le ridicule. 

                                                                            Musée Rath

Le Musée Rath accueillera le Grand Prix d’horlogerie dès le 26 octobre, après une décevante exposition,  Loving, présentant des photographies minuscules de couples homosexuels. Il annonce, dès le 7 décembre, la voyageuse écrivaine et sportive, Ella Maillart (1903-1997), mais, dans MAGMAH, on écorche son nom. Un « d » a remplacé malencontreusement le « t ». L’énergique Genevoise n’a pas de chance dans sa ville qui lui a attribué un chemin récemment, dont la plaque exhibe une faute d’orthographe. Elle en aurait rigolé dans son chalet de Chandolin où elle a terminé ses jours.

Expositions :

L’Ordre n’a pas d’importance, jusqu’au 29 octobre au MAH

Grand Prix d’horlogerie, du 26 octobre au 12 novembre au Musée Rath

Les Pastels, jusqu’au 28 janvier 2024 au MAH

Les murs de Burhan Dogançay, jusqu’au 11 février 2024 au MAH

Ella Maillart, du 7 décembre au 21 avril 2024 au Musée Rath

 

 

 

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