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La lecture des enfants

La lecture pose une alternative entre le papier et l’écran qui stimule et inquiète à la fois. Si les pages écrites pèsent parfois un peu lourd et si l’écran offre des possibilités infinies pour améliorer la vie, celui-ci risque également de créer des vides abyssaux, principalement chez les enfants.

Ce sont ceux-ci auxquels s’attaque un chercheur en neurosciences, Michel Desmurget, dans des ouvrages abondamment documentés. Le dernier s’intitule Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital (Ed. du Seuil, 2023). L’éditeur a ajouté sur la couverture du livre : Comment la lecture stimule l’intelligence de nos enfants.

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Desmurget avait lancé le début de son offensive dans La Fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants (Ed. du Seuil 2019, Points, 2020).

Je m’étais promis d’offrir un des ces livres à des amis, les parents d’un enfant en bas âge. Histoire de les encourager à raconter et lire des histoires à leurs rejetons. En m’apercevant que Faites-les lire ! comporte 350 pages, plus 50 pages de notes bibliographiques, j’ai hésité. Ces jeunes parents auront-ils le temps et le loisir de se plonger dans « ce premier ouvrage de synthèse grand public [qui] livre des informations capitales, pour les parents notamment, sans jamais les culpabiliser », ainsi que l’annonce la quatrième de couverture ?

Les bienfaits

C’est pourquoi je me suis lancée moi-même dans cette lecture. Et n’en suis pas encore sortie, je l’avoue. Les détails sont passionnants. Je pioche ici et là des renseignements stupéfiants et des encouragements nécessaires.

D’emblée, Desmurget annonce « les bienfaits, scientifiquement documentés, de la lecture sur le développement intellectuel, émotionnel et social de nos progénitures ; avec au bout du compte un impact majeur sur la réussite scolaire ». Et au-delà, bien sûr.

« Même si le livre est désormais considéré par beaucoup comme un archaïsme poussiéreux, il reste le support d’apprentissage le plus adapté à notre fonctionnement cérébral », affirme l’auteur, qui ajoute : « Sa structure linéaire, pré-organisée et sa capacité à mobiliser l’attention lui confèrent un avantage substantiel sur les médias audio ou vidéo ».

Lecture partagée

L’important, c’est d’intéresser les enfants à la lecture. En commençant par leur lire à haute voix, ce que Desmurget appelle la lecture partagée. Lire et relire, car pour être efficace, elle nécessite une certaine dose de répétition, répétition que les enfants réclament d’ailleurs eux-mêmes. De plus, les études montrent qu’adolescents, ils continuent à aimer qu’on leur lise des histoires.

« Les parents peuvent jouer un rôle important dans le développement des compétences en lecture de leurs enfants en leur lisant des histoires dès leur plus jeune âge ».

Ensuite, habitués à la lecture partagée, ils deviennent immanquablement lecteurs personnels.

Quel genre d’histoire et quel support privilégier ? Curieusement, ce sont les livres de fiction qui donnent les résultats les plus bénéfiques, bien au-delà des bandes dessinées, des magazines ou des journaux.  Ils ont une influence positive sur le degré d’empathie : « La confrontation à l’écrit bonifie nos habiletés relationnelles ». En outre, "aucun autre support ne nous permet de disséquer et pénétrer avec une telle acuité la psyché d'autrui."

Qui aime lire et qui lit ? De récentes statistiques internationales indiquent de fortes différences entre les pays. Prenons l’exemple de la France, de la Chine et du Royaume Uni. Dans les trois pays, les enfants et adolescents aiment la lecture à environ 80%. En revanche, environ 30% des jeunes Français et Britanniques ne lisent pas, tandis que seuls 3% de Chinois ne sont pas lecteurs. Cet énorme écart révèle une notable différence de culture entre l’Orient et l’Occident.

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Il semble que là où la lecture a perdu, les écrans ont gagné, et peut-être aussi, ne soyons pas sectaires, d’autres activités telles que le sport, le cinéma, les voyages, que sais-je. 

Par ailleurs, le livre comme objet présente bien des avantages : il vieillit mieux que le support numérique dont il faut souvent changer les données. On peut le prêter ou l’offrir, alors qu’un livre numérique n’est officiellement pas transmissible. Même usagé, le livre est encore utilisable. Il se conserve dans les bibliothèques pendant des décennies, voire des siècles. 

Cabines de lecture

Une nouvelle manière de transmettre les bouquins s’est instaurée depuis que les cabines téléphoniques ont perdu leur raison d’être face à la multiplication des téléphones portables. Nombre d’entre elles ont été transformées en bibliothèque circulante : on dépose un ouvrage, on en  feuillette, on en choisit un ou deux, on s’en va tout joyeux.

L’une d’elles, au rond-point de Plainpalais, m’a souvent réjouie. Il m’est arrivé de prendre un exemplaire et d’en être si contente, que je le rapportais au même endroit avant d’aller l’acheter dans une librairie. 

Pour une raison inconnue, cette cabine vient d’être fermée par une vitrine qui n’a pas encore révélé son utilité.

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