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Ella Maillart revisitée

Connue principalement par ses voyages qu’elle a transcrits dans plusieurs ouvrages, Ella Maillart (1903-1997) était beaucoup plus qu’une grande voyageuse. L’exposition que lui consacre le Musée Rath parvient, quoique de façon minimale, à éclairer les nombreuses facettes de sa personnalité.

Née à Genève, Ella Maillart s’est très jeune adonnée à divers sports. On a peine à croire qu’elle avait une santé fragile et qu’elle tentait ainsi de se fortifier.

Les premiers sports qu’elle pratique sont la voile et le hockey sur gazon – qu’on appelait naguère en Suisse hockey sur terre : le gazon ne se soignait qu’en Angleterre. Elle crée le Champel Hockey Club à 16 ans. À plus de 40 ans, elle en sera encore la capitaine et gagnait le championnat de Suisse. Je peux en témoigner, j’étais dans son équipe.

Elle participe aux Jeux olympiques de Paris en 1924, seule femme de la catégorie « voile en solitaire », son diplôme en fait foi.

En 1925, cherchant un emploi correspondant à ses goûts, elle adresse une lettre de sollicitation à un architecte naval à Londres qui lui répond par la négative : « vous feriez mieux d’employer vos talents dans quelque autre direction ». 

Moscou en 1930, c’est le premier voyage qu’illustrent ses photos. On peut la suivre ensuite dans ses randonnées en Asie : à Samarcande, au Turkestan, au Kirghizistan, à Saigon, de Pékin au Cachemire.  « Un laisser passer du ministre de France en Chine délivré à Ella Maillart pour qu’elle se rende dans plusieurs régions du pays, valable un an dès le  25 janvier 1935 » concerne la période qu’elle a passée avec Peter Fleming (le frère de l’auteur des James Bond).

Une photo la montre avec une nonne de la mission catholique de Lanzhou qui admire son Leica.

En 1939, elle ira en Afghanistan avec Annemarie Schwarzenbach, la Suissesse rebelle. Celle-ci rentrera cependant en Suisse, mais Ella restera en Inde durant toute la guerre.

À son retour en Suisse, elle s’installe dans un chalet à Chandolin, le plus haut village habité de Suisse, sinon d’Europe. Une petite exposition dans la chapelle du Vieux Village rappelle d’ailleurs sa mémoire.

Dès lors, elle passera la moitié de l’année en Valais et le reste du temps, elle organisera des voyages en groupes, en Asie principalement.

En 1950, elle incite les amateurs de ski, « nous les bien-nourris », à encourager financièrement l’équipe suisse pour participer au championnat aux Etats-Unis en versant une obole, équivalent tout juste de « deux café-crèmes ».

Lorsqu’elle ne sillonne pas le monde, elle écrira des livres et des articles dans la presse, prononcera des conférences, s’engagera pour des bonnes causes, notamment la protection de la nature et la flore alpine.

Dans une interview de 1989, elle exprime cependant ses doutes sur le tourisme : « on apporte des idées dans les villages du bout du monde, on ouvre des routes, on soigne les maladies. Mais on déstabilise un équilibre, on ouvre la brèche au mercantilisme, aux pollutions de toute nature. »

Tous ces détails, on peut les trouver sur une longue table, sous une vitre, où s’alignent des photos, des lettres, ses livres, des affiches, des articles de journaux. Le visiteur doit se pencher, quitte à s’éreinter le dos, pour regarder de plus près les textes ou les images. Un Guide du visiteur donne heureusement des détails sur les 142 objets provenant en grande partie de la succession Maillart déposée au musée Photo Elysée à Lausanne.

Seules trois photographies, magnifiques, ont été agrandies et apposées sur les murs, sans explications : que représentent-elles ? 

Cette présentation ressemble à celle que l’on avait déjà fustigée lors de la dernière exposition du Musée Rath, Loving. N’aurait-il pas été plus simple de montrer ces archives au Musée d’art et d’histoire dans une des salles vides ? Le Musée Rath mérite des expositions plus fournies.

Au sous-sol, rien, sinon quelques livres de voyages illustrés.

A côté de l’unique salle offerte à Ella, deux artistes contemporaines ont été invitées à la côtoyer pour « permettre au public de percevoir à quel point les thématiques parcourues par Ella Maillart sont encore pertinentes et vives », selon les organisateurs. J’avoue ma perplexité.

Les vidéos de Pauline Julier sur Tuvalu, « micro-Etat du Pacifique menacé de disparition par la montée des eaux et qui se prépare à devenir la première nation digitale du monde » nous emmènent évidemment en voyage. Cependant les textes au néon d’Anne-Julie Raccoursier ne me sont pas apparus comme particulièrement proches de la trépidante personnalité d’Ella Maillart.

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