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Un sauvage va-t-il diriger les Pays-Bas ?

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Il n’entre pas dans mes habitudes de commenter la politique, nationale ou internationale. Je fais une exception aujourd’hui en raison de mes attaches familiales avec les Pays-Bas, même si je n’y ai jamais vécu.

La sidération qui a manifestement frappé les Néerlandais en découvrant l’ampleur de la victoire du parti d’extrême-droite PVV (Partij voor de Vrijheid, Parti pour la liberté), dirigé et créé par Geert Wilders, est surprenante. Le choc est immense.

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Longue vie politique

Voilà plus de vingt ans que Wilders s’agite dans la politique de son pays et dans l’Union européenne. Il est élu pour la première fois en 1998, âgé de 35 ans, au Sénat dans le VVD (Volkspartij voor Vrijheid en Democratie, Parti populaire pour la liberté et la démocratie), un parti libéral-conservateur. Fâché, il quitte le VVD en 2004 et se fait élire en indépendant pour se lancer en 2006 dans la création de son propre parti, le PVV, qui siégera au Parlement de La Haye aussi bien qu’au Parlement européen.

En remportant les élections mercredi 22 novembre, ce sera la sixième fois qu’il sera élu, certes pour la première fois aussi brillamment. Faut-il vraiment s’en étonner ? Dans d’autres nations de l’Union européenne, en Italie, en Suède, en Hongrie, en Pologne, l’extrême-droite marque des points. En Suisse même, quel est le parti arrivé en tête récemment ? L’UDC.

L’influence du patronyme

On le compare souvent à Trump, autant pour ses cheveux teints que pour ses vues nationalistes, quasi « chemises brunes ». Leur passé n’est pourtant guère identique. L’Américain s’est lancé dans les affaires avant la politique. Le Néerlandais a toujours été intéressé par la politique.

Je les rapprocherais volontiers par leur nom. L’un, Trump, sonne la trompette de ses réussites, l’autre, Wilders, est un sauvage (wild), dont le prénom même, Geert, est belliqueux, celui qui porte la lance. (Geert ou Gérard, est le masculin de Gertrude.)

Physiquement, le politicien néerlandais en impose par sa taille, il mesure 1,95 m., et la soixantaine ne semble pas lui peser.

Contre l’islam

Parmi les lignes principales de sa politique, figure la lutte contre l’Islam. Il veut interdire le Coran aux Pays-Bas. Ses positions radicales contre les musulmans lui ont valu des menaces de mort, à tel point que, depuis vingt ans, il bénéficie d’une protection policière permanente. Celle-ci débuta au moment où le cinéaste Theo Van Gogh fut assassiné à la suite de propos également islamophobes.

 Wilders s’intéresse dès sa jeunesse à ce sujet. Avant de commencer ses études d’assistant social et de droit, il passa trois ans en Israël dans un kibboutz. Il n’est pourtant pas juif. Il est né à Venlo dans la province catholique du Limbourg, où son père était cadre dans une entreprise associée à Canon.  Catholique mais non pratiquant. D’autre part, sa mère est à moitié indonésienne. Son épouse, Marfai, est une ancienne diplomate hongroise.

En 2009, Wilders produisit le film Fitna (la tentation), un acte d’accusation majeur contre le Coran. Scandale international.  Sa présentation en Angleterre fut interdite, pour son intolérance et sa xénophobie

Plus grave encore, Wilders est condamné en 2021 par la Cour suprême des Pays-Bas pour avoir scandé « Moins, moins, moins de Marocains ! » lors des élections de 2014.

Contre l’­­­Union européenne

Comme le Royaume Uni l’a réalisé, Wilders a l’intention de lancer un référendum sur le Nexit, la sortie des Pays-Bas de l’Union européenne, dont ils sont pourtant l’un des membres fondateurs. L’affront porterait grand préjudice à cette institution. Derrière l’Allemagne, la France et l’Italie, ils en sont le quatrième plus gros contributeur. En constatant les problèmes de l’économie britannique depuis le Brexit, on peut s’inquiéter des conséquences qu’entraînerait une telle action aux Pays-Bas.

Les Néerlandais se sont toujours montrés d’enthousiastes Européens jusqu’ici, et l’on voit mal un retrait définitif. Il est vrai que quelques thèmes, notamment concernant l’agriculture et la pêche, suscitent des grognements. Mais qui ne s’irrite pas contre certains règlements européens ? Avec davantage de pays dans l’Union que de cantons dans la Confédération, les divergences sont inévitables. Les Suisses connaissent bien cette situation.

Wilders n’est d’ailleurs pas farouchement contre les Européens. Dans sa récente campagne, il s’est montré très modéré. Faut-il le croire ?

Gouvernement

Cela dit, rien ne prouve que Wilders va s’installer à la tête du gouvernement. Son parti ne représente que 37 sièges sur 150. Selon le système démocratique néerlandais, il s’agit de mettre sur pied une coalition, ce qui n’est jamais facile aux Pays-Bas, vu la multiplicité des partis politiques. Le dernier gouvernement n’avait pu être formé qu’au bout de huit mois de tractations. Pour le moment, aucun parti ne s’est encore engagé à le rejoindre. L’ancien parti au pouvoir de Mark Rutte, le VVD, a déjà annoncé qu’il reste sur le banc de touche.

Étant donné la personnalité de Wilders qui  suscite de très fortes réactions de part et d’autre de la population, on peut se préparer à une longue attente.

 

Commentaires

  • Article remarquablement bien documenté qui mérite d’être largement diffusé.

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