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Steinlen à Montmartre

On a coutume de représenter Steinlen comme « l’homme des chats ».  

Il est vrai que l’artiste aimait s’entourer de chats, et que, coïncidence, dès son arrivée à Paris, il a découvert le cabaret du Chat noir. Mais l’exposition qui lui est consacrée au Musée de Montmartre, à l’occasion du centenaire de sa mort, révèle une œuvre infiniment plus variée.

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Frise de chats et de lunes, vers 1895 (Musée de Montmartre, dépôt coll. Weisman-Michel)

Il aimait certes les chats. On lui attribue d’ailleurs cette déclaration : « Les bêtes ne valent-elles pas mieux que les gens ? ».

Né à Lausanne en 1859, dans une famille de dessinateurs, Théophile-Alexandre Steinlen s’est installé à Paris en 1881 après avoir étudié quelques mois le dessin d’ornement industriel à Mulhouse, où il rencontra Émilie Mey, qui deviendra son épouse. Il acquerra la nationalité française quelques années plus tard.

Le Chat noir de Rodolphe Salis venait de s’ouvrir et s’était enrichi d’un journal, Le Chat noir, auquel le jeune dessinateur collabora assidûment, se faisant ainsi connaître des milieux artistiques de Montmartre. Ce fut le début de sa carrière d’illustrateur de presse, de peintre, d'affichiste, et même de sculpteur.

Rompant avec Le Chat noir, visant plus haut, il s’associe au chansonnier Aristide Bruant qui ouvre un cabaret et dont la revue Le Mirliton accueillera des centaines de ses dessins. Puis il travaillera pendant plus de dix ans pour le Gil Blas illustré. Il collabore aussi au Chambard socialiste, un journal aux tendances anarchistes et plus tard, à un autre journal anarchiste, La Feuille de Zo d’Axa, un ami journaliste.

Une étape supplémentaire est franchie lorsque Steinlen s’initie à l’affiche lithographique. Sa première affiche annonce Le Rêve, un ballet de l’Académie nationale de musique. Il deviendra l’un des affichistes les plus prolifiques des années 1890.

Il illustre des ouvrages d’Emile Zola et d’Anatole France qu’il a rencontrés en 1895.

Mais il se lance aussi dans la peinture. Il présentera un ensemble de cent tableaux dans une exposition personnelle en 1903.

Anti-bourgeois

Sur le plan politique, influencé par Zola et par Bruant qui l’avait entraîné dans la bohème montmartroise, il passa même quelques mois en Norvège en 1901. Il y rencontra les cercles socialistes et syndicalistes. A son retour, il afficha ses vues anti-bourgeoises dans des toiles provocatrices.

Le Cri des opprimés appelé aussi La Libératrice, daté de 1903, met en scène une passionaria vêtue de rouge, poitrine au vent, brandissant une torche au milieu d’une foule de malheureux, qu’elle entraîne à l’assaut du veau d’or qu’on distingue dans un sanctuaire.  

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Il s’attaquera aussi à l’Église dans L’Intrus, daté de 1902, où il met face à face un prince de l’Église et une réunion de pauvres. Il veut ainsi montrer « la discordance absolue qui existe entre l’Église actuelle et l’évangélisme initial », ainsi qu’il l’explique à son acquéreur.

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Ces deux tableaux expriment son adage : « Tout vient du peuple, tout sort du peuple et nous ne sommes que ses porte-voix ».

De même que de nombreux autres, ils appartiennent à l’Association des Amis du Petit Palais de Genève.  

Les femmes sans nom

Bien qu’il ait vécu maritalement avec Émilie – ils ne se marièrent qu’en 1895, sept ans après la naissance de leur fille Colette –, Steinlen a fréquenté le milieu des prostituées, ces « femmes sans nom ». On lui doit un grand nombre de nus.

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La Toilette du matin, 1900 (Association des Amis du Petit-Palais, Genève)

Peu après la mort de sa femme en 1910 et le mariage de sa fille avec le chef d’orchestre et compositeur Inghelbrecht (dont elle divorça dix ans plus tard), il rencontre Masseïda, une danseuse originaire de l’ethnie bambara en Côte d’Ivoire. Elle devient sa gouvernante et son modèle, pour plusieurs nus notamment et restera avec lui jusqu'à son décès.

Pendant la Première Guerre mondiale, les créations de Steinlen ont servi à des affiches pour appel à la mobilisation. Il s’est aussi rendu au front en 1917 avec les Missions artistiques aux armées.

Ses paysages sont un des aspects les moins connus de l’art de Steinlen. Ils ne sont pas les moins attachants de son œuvre, témoin cette Vue de Belmont près de Lausanne, paysage automnal (vers 1913, Musée d’Orsay).

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La tombe de Steinlen, mort en 1923, se trouve au cimetière Saint-Vincent, tout proche du Musée de Montmartre. Sa signature est gravée sur la pierre, un chat y pointe le museau et les fleurs n’y manquent jamais.

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Musée de Montmartre, 12 rue Cortot, 75018 Paris, ouvert tous les jours de 10 h. à 19 h.

L’atelier de Suzanne Valadon et Maurice Utrillo a été minutieusement reconstitué.

L’exposition de Théophile-Alexandre Steinlen est programmée jusqu’au 11 février 2024.

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