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Anne Frank et la Suisse

Lorsque l’on mentionne le nom d’Anne Frank, ce n’est pas à la Suisse que l’on pense. Et pourtant !

Le Musée national suisse de Prangins présente une exposition fort intéressante qui met en évidence la jeune juive - connue mondialement pour son journal de guerre à Amsterdam - et ses rapports avec la Suisse, grâce à sa famille.

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En effet, Leni Elias-Frank, la sœur d’Otto Frank, le père d’Anne, avait émigré à Bâle en 1929, pour échapper à la crise économique que traversait l’Allemagne. Tandis qu’elle avait ouvert un commerce d’antiquités, son mari dirigeait l’entreprise Opekta qui confectionnait des gélifiants pour confitures.

Jusqu’en 1936, Anne allait régulièrement à Bâle, où elle rejoignait aussi ses deux grands-mères ; en hiver elle se rendait à Adelboden et en été en Engadine.

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Ensuite les visites se raréfièrent, mais pas les contacts. Anne écrivait souvent à son cousin Berhnard, dit Buddy.

Ce Buddy vécut jusqu’en 2015 ; on peut le voir dans une vidéo de l’exposition. Il décrit la maison dans laquelle vécut sa famille.

En quittant l’Allemagne, les Elias étaient devenus apatrides. En dépit de nombreuses demandes, ils n’obtinrent la nationalité suisse qu’en 1952.

Quelques dates

Rappelons brièvement quelques étapes de la vie d’Anne Frank. Elle naît le 12 juin 1929 à Francfort dans une famille juive bourgeoise. Elle a une sœur aînée, Margot.

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Arrivée à Amsterdam en 1934, où elle suivra normalement l’école. Début de l’isolement de la famille Frank dans l’Annexe le 6 juillet 1942, avec quatre autres personnes. Arrestation le 4 août 1944 et départ pour Auschwitz dans le dernier convoi, le 3 septembre 1944. Mort de tout le groupe, sauf le père, Otto, qui survivra, vivra à Bâle jusqu’en 1980. Il fera éditer le Journal de sa fille.

Anne et Margot, transférées dans le camp de Bergen Belsen, décèdent, victimes du typhus, fin février début mars 1945.

                                                                                Amsterdam

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La famille Frank en 1941 à Amsterdam

En septembre 1933, peu après l’accession de Hitler au pouvoir, Otto Frank quitte Francfort pour Amsterdam où sa femme et ses deux filles arrivent au début de 1934. Il ouvre une succursale d’Opekta. Ce sera dans cet immeuble que sera aménagée l’Achterhuis, l’annexe qui abritera la famille pendant deux ans.

Anne raconte cette installation : « Il me semble que le monde entier s’est mis tout à coup sens dessus dessous », écrit-elle le surlendemain. Elle explique les événements et la convocation des SS à sa sœur Margot pour le travail obligatoire en Allemagne. Ce qui précipita le déménagement dans l’annexe, qui était déjà préparé.

Le journal

Anne avait commencé son journal quelques jours plus tôt, le 12 juin. Car elle avait reçu pour fêter ses treize ans le cahier à la couverture aux carreaux rouges et blancs  qui fera sa joie, son soutien et sa renommée mondiale. Elle avoue n’avoir pas d’amie avec un grand A et en invente une, sa chère Kitty, à qui elle se confiera.

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Que son journal est passionnant ! Elle décrit la vie autour d’elle et en elle-même, avec une lucidité surprenante chez une aussi jeune fille. Mélange d’innocence et de clairvoyance, de sensibilité et d’intelligence.

Cloîtrée dans l’appartement dont elle ne peut plus sortir, elle écrit : « Je suis si reconnaissante à Dieu de m’avoir donné à la naissance  une possibilité  de me développer et d’écrire. (…) Quand j’écris, je me débarrasse de tout, mon chagrin disparaît, mon courage renaît ! » « Je dois travailler pour ne pas rester idiote, pour progresser, pour devenir journaliste ».

Dans sa dernière lettre, datée du 1er août 1944, elle s’examine longuement, comme si elle prévoyait la fin. « Mon âme est pour ainsi dire divisée en deux. D’un côté se logent ma gaieté exubérante, mon regard moqueur sur tout, ma joie de vivre et surtout ma façon de prendre tout à la légère (…), ce côté est plus souvent à l’affût et refoule l’autre côté qui est bien plus beau, plus pur et plus profond. C’est vrai finalement, le beau côté d’Anne, personne ne le connait. »

Quatre jours plus tard, un officier SS en uniforme, accompagné de plusieurs Néerlandais, fait irruption dans le bâtiment et découvre le groupe clandestin.

Espoir

Quinze jours plus tôt, cependant, le 21 juillet, Anne  s’exclamait : « A présent, je suis pleine d’espoir, enfin tout va bien. Tout va même très bien ! Superbes nouvelles ! On a tenté d’assassiner Hitler. » Perspicace, elle ajoute : « Peut-être que la Providence a fait exprès de traîner un peu avant de l’éliminer, car il est beaucoup plus facile et plus avantageux pour les Alliés de laisser aux Germains purs et sans tache le soin de s’entre-tuer, les Russes et les Anglais auront d’autant moins de travail et pourront se mettre d’autant plus vite à la reconstruction de leurs propres villes. Mais nous n’en sommes pas là ».

 

 P.S. L’exposition au château de Prangins, qui  ne se termine que le 29 septembre, est ouverte du mardi au dimanche de 10 h. à 17 h.

Les citations de Le journal d’Anne Frank proviennent d’une dernière édition mise à jour (Calmann-Lévy, 2024). On peut se le procurer au château pour le prix de 15 fr. (Dans les librairies en Suisse, il coûte moins cher. Et encore moins en France.)

 

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