Jouer avec les mots, voilà un divertissement qui me plaît toujours. Il suffit de peu de choses pour m’entraîner dans un exercice de vocabulaire. Un mot attire mon attention, me titille, et je cherche son emploi, sa raison d’être.

Les ressemblances et divergences figurent sur ma liste. Se prononçant de la même manière, elles partent dans un tout autre sens.

Que ce foulard soit de la soie ne va pas de soi. On n’en porta guère pendant la guerre où les maux étaient si terribles qu’on ne trouvait plus de mots pour les décrire.

Ils ont été manger dans la forêt et ont été mangés par un tigre.

Pour rembourser son prix, il prit la décision de rebrousser chemin.

Avec son air affable, il ne vous raconte que des fables.

Nous vivons dans une époque épique où les porcs-épics continuent à exister.

Il émet des opinions sur les mets qu’il aimait.

Empire

Dans les empires, les hommes prennent de l’empire sur les femmes. Ce qui empire la position féminine. Ou l’aggrave. Ou la péjore comme on dit en Suisse (un verbe ignoré par le dictionnaire numérique de l’Académie française, et qui n'a rien de péjoratif).

L’emprise des empires américain, russe et chinois empire la situation dans le monde.

L’appréhension se présente de diverses manières. Quand la police appréhende un individu, elle l’arrête. Quand un individu appréhende un enfant, il le gronde. Quand un enfant appréhende l’école, il en a peur. Quand le maître d’école appréhende une situation, il la comprend.

Langage romand

Le distingué linguiste Mathieu Avanzi, professeur à l’université de Neuchâtel, spécialiste du français régional et rédacteur de Dis voir ! application mobile pour documenter et découvrir le français des Romands, a proposé dans son dernier bulletin trois interrogations.

Dites-vous chaussure ou soulier, dîner ou souper, auto ou voiture ? Il paraît que votre réponse peut vous identifier, selon votre domicile ou votre âge.

En ce qui me concerne, je préfère marcher dans des souliers, même si j’ai chaussure au pied, et que je préfère ne pas être dans mes petits souliers. Et le soir, je dîne. Le souper sera beaucoup plus tardif. En revanche, je ne fais pas de différence entre l’auto et la voiture, tout en sachant que de parler d’auto est considéré comme un peu plouc, tandis que la voiture est plus distinguée.

Si on entend un journaliste de la Radio romande déclarer qu’un accident a causé huitante morts, on sait immédiatement qu’il est Vaudois. Un Genevois en aurait annoncé quatre vingts.

Une nouveauté

Lorsque je découvre un nouveau livre qui s’adonne à ce genre d’amusement, je me précipite. Denis Grozdanovitch, écrivain prolixe à cet égard, vient de publier Une affaire de style (Hachette). Dans son préambule, il « souhaite que cette éclectique promenade littéraire soit pour le moins une divertissante récréation ». Je m’en réjouis déjà et vous en parlerai bientôt.