Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sauvetages

Au début de ce premier billet de l'année sur un nouveau site d'hébergement, j'adresse mes meilleurs vœux à toutes les personnes qui me font le plaisir de me lire. Et je vais le consacrer à des expositions qui honorent l'Ukraine.

Comparaison

Faut-il comparer la situation de l’Ukraine aujourd’hui à celle de l’Espagne en 1939 ? Question saugrenue qui vient à l’esprit lorsqu’on se rend au Musée Rath pour découvrir des tableaux en provenance de Kiev.

Des combats risquent de détruire un patrimoine artistique. Était-ce le cas lorsque le Musée d’art et d’histoire de Genève accueillait les 174 tableaux du musée du Prado entre le 1er juin et la fin août 1939 ? Non. Car la guerre civile espagnole s’était achevée deux mois plus tôt. Les chefs d’œuvre du Prado se trouvaient déjà à la Société des Nations à Genève, où ils avaient été transportés en train en février. Sauvetage tardif.

L’exposition de l’été 1939, qui attira 400.000 visiteurs et rapporta une manne économique à la ville, était en réalité une vitrine pour le nouveau régime espagnol qui venait de récupérer la possession du trésor et en avait offert la primeur à la Suisse. « L’Espagne, sans avoir envers nous aucune dette matérielle ou morale, nous consent, par générosité pure, un véritable sacrifice : elle nous confie ses œuvres d’art les plus précieuses », avait déclaré le conseiller fédéral Pilet-Golaz, lors du vernissage.

« Chacun de ces chefs-d’œuvre rappelle la tragédie, la trahison des chefs militaires, la lâcheté des démocraties, les combats inégaux », écrivait de son côté Le Réveil anarchiste en juin 1939.

Le parallèle entre les expositions de 1939 et de 2023 n’a donc pas de pertinence. Passons…

Danger

En Ukraine, la bataille se poursuit. Le pays est victime d’une agression étrangère. Les œuvres d’art, comme la population, sont en danger. Des musées suisses ont invité la Galerie nationale de Kiev à présenter des tableaux emblématiques de sa collection. 

Du-crepuscule-a-aube-370x520.jpg

Le Musée Rath en accueille une cinquantaine, jusqu’au 23 avril, tandis que le Kunstmuseum de Bâle, en reçoit autant dans Born in Ukraine, jusqu’au 30 avril.

Les caisses envoyées par le MAH pour le transport sont exposées au sous-sol du Musée Rath.

caisses.JPEG

Le titre, Du crépuscule à l’aube, est plus poétique que descriptif. La sélection propose des toiles du 19e au début du 20e siècle, aux sujets et aux styles variés. Elle avait été réunie en 2021 à la Galerie nationale de Kiev pour célébrer le centenaire  de sa fondation. Les artistes choisis ont tous créé une partie de leur production à Kiev, quoiqu’ils aient été formés parfois à Saint-Pétersbourg. 

satyre.JPEG

Le Satyre de Wilhelm Kotarbinski (1849-1921) jouant du pipeau dans les champs, peut-être au lever du soleil, ouvre l’exposition. Né à Rome, Kotarbinski a passé une grande partie de sa vie à Kyev où il avait été invité à orner la cathédrale saint Vladimir et où ses œuvres religieuses et dramatiques ont fait sa réputation.

priere.JPEG

Sa  Prière pour le calice (1887) est également fascinante.

Parmi les peintres les plus impressionnants, Mukhailo Vrubel s’est fait connaître par ses œuvres religieuses et Ilya Repin par ses portraits.

Les tableaux de nuit, facilités par la découverte de nouvelles techniques, attirent inévitablement l’œil, ainsi cette réunion de famille à la lumière d’une unique lampe verte : Dans le jardin du soir (1881) par Rafael Levitski (1847-1930).

nuit.JPEG

Noyés dans les fleurs (1886) de Pavlo Svedomsky (photo Mikhailo Andreyev) est une toile de très grande taille typique d’un genre académique flamboyant.

fleurs.png

Prières et fleurs représentent une manière d'envisager Kiev autrefois et encore aujourd'hui.

 

Kiev en 2017

Le Musée Rath n’est pas seul à mettre l’Ukraine et en particulier Kiev en évidence. La galerie de Rosa Turetsky (née à Odessa) a offert ses cimaises à la photographe franco-suisse Catherine Gfeller pour un ensemble d’œuvres captées dans la capitale ukrainienne.  

La photographe avait été invitée en 2017 à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’Amitié entre la Suisse et l’Ukraine. Des balades avec des écrivains ukrainiens lui avaient permis de s’imprégner de l’atmosphère de la ville.

Témoignages d’une cité aujourd’hui martyrisée, ses photos nous emmènent à notre tour dans une promenade de naguère. Elles ressemblent à des vidéos, superposant des images qui donnent l’impression du mouvement, comme si le spectateur en faisait partie. On est sidéré.

72Maidan with her 60 x 160 cm retouched.jpeg

Maidan with her (60/160 cm.)

L’exposition avait été présentée à Kyev en 2018 avec un livre, Voices in Kyiv, auquel avaient contribué Klitschko et Andrei Kurkov.

Les circonstances ayant changé, la photographe a eu beaucoup de difficultés à ramener ses œuvres en Suisse. Chose faite désormais, elle a décidé de verser au Comité international de la Croix-Rouge une partie des bénéfices de son exposition.

Renseignements pratiques

Du crépuscule à l’aube, collection de la Galerie nationale d’art de Kyev, au Musée Rath, jusqu’au 23 avril. Ouvert du mercredi au vendredi de 14h. à 19h. Samedi et dimanche de 11h. à 18h.

Entrée libre jusqu’à 18 ans et le premier dimanche du mois.

 

Voices in Kyiv, photographies et vidéos à la galerie Rosa Turetsky, 25 Grand-Rue, jusqu’au 18 février.  Ouvert du mercredi au vendredi de 14h30 à 18h. Samedi de 11h. à 17h.

 

Les commentaires sont fermés.