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Raeburn, grand peintre écossais

Il y a 200 ans, le 8 juillet 1823, que mourait à Edimbourg le grand peintre écossais Sir Henry Raeburn.

Il a mené la plus grande partie de sa carrière en Ecosse, faisant le portrait de toutes les célébrités de sa province.

 

Né le 4 mars 1756 à Édimbourg, il devient orphelin très jeune et est élevé par son frère aîné qui a repris la filature familiale. A 15 ans il entre comme apprenti dans une joaillerie. En créant des bijoux, il dessine sur ivoire, puis il se met à peindre des miniatures et s’essaie au portrait. C’est ainsi qu’il rencontre une jeune veuve, fort riche, qu’il avait admirée lorsqu’il dessinait dans la campagne. C’est le coup de foudre mutuel et le mariage s’ensuit. Ce qui lui facilite évidemment la vie. L’avenir se montre rose.

Un peintre écossais qui avait été l’assistant d’Allan Ramsay, le précurseur de la grande peinture écossaise, le prend sous son aile et l’aide à se spécialiser dans le portrait.

De plus en plus attiré par le monde de l’art, il se rend à Londres où il rencontre Joshua Reynolds qui lui recommande d’aller en Italie pour se familiariser avec la peinture classique, particulièrement Michel-Ange. Il suivra son conseil. Avec son épouse, il passera deux ans en Italie, notamment à Rome. Il rencontre un marchand d’art qui lui donne un conseil qu’il n’a jamais oublié : « Ne jamais copier de mémoire, toujours avoir la chose ou la personne devant les yeux ».

En 1787, âgé de 31 ans, Raeburn retourne à Édimbourg où il devient rapidement le portraitiste en vogue. Édimbourg est un haut lieu de la société écossaise et le peintre connaît peu à peu tout le beau monde. Peut-être a-t-il été aidé par les relations de sa femme qui appartient à l’aristocratie.

En 1812 il devient le président de la Société des artistes écossais.

En Angleterre, il prendra plus de temps à se faire reconnaître. Ce n’est qu’en 1815, à 59 ans, qu’il est élu à la Royal Academy, auguste assemblée fondée en 1768 par Reynolds notamment. Quand il pense alors s’installer à Londres, l’un de ses collègues de la Royal Academy, Sir Thomas Lawrence, lui conseille de rester à Édimbourg où il a fait son trou.

Il se fera finalement remarquer par le roi George IV qui, en 1822, au cours d’une visite royale à Édimbourg, l’anoblira et lui accordera le titre de Peintre de Sa Majesté en Écosse. Il ne jouira pas longtemps de cette fonction honorifique ni de son titre. Sir Henry Raeburn meurt l’année suivante, à l’âge de 67 ans.

Il est enterré dans le cimetière de Saint Cuthbert, à Édimbourg, dans un monument qu’il avait lui-même conçu.

Un millier de tableaux

Au cours de ses presque 50 années de production,  il a créé un millier de tableaux, principalement des portraits. Sa peinture est réaliste, directe, jouant souvent sur des effets de lumière percutants. Il procède immédiatement sur la toile, sans se baser sur des esquisses préliminaires. « Il peint la vérité et il la peint avec amour », a écrit un de ses commentateurs. On a pu dire de lui qu’il a préparé la voie aux romantiques.

Toutes les célébrités écossaises de son temps passent sous ses pinceaux. Les nobles et les militaires sont représentés dans tous leurs atours. Pour les édiles, les professeurs d’université, les ingénieurs, les postures sont plus simples. La Scottish National Portrait Gallery d’Édimbourg possède plusieurs centaines de ses œuvres.

L’un de ses plus beaux et des plus simples portraits, d’une grande sensibilité, est son autoportrait qui date d’environ 1815. Il a une soixantaine d’années, mais paraît plus jeune. C‘est un bel homme ! Assis, habillé de noir, sur un fond sombre, légèrement rougeâtre, sa main droite tient son coude gauche tandis que sa main gauche se touche le menton de son pouce et de son index. Il regarde fixement devant lui, comme s’il réfléchissait plutôt qu’il n’observait quelque chose ou quelqu’un.  

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 La plupart des portraits masculins sont des bustes. Cependant les militaires, eux, se tiennent debout, portant leurs uniformes chamarrés. Les femmes sont généralement aussi peintes en entier, les vêtements féminins, tout comme les uniformes, permettant à l’artiste des tableaux plus colorés.

Scott Raeburn.jpg

Parmi les amis du peintre, figure l’un des écrivains écossais les plus renommés, Sir Walter Scott, l’auteur d’Ivanhoé, Rob Roy, Quentin Durward. Son portrait, qui fait penser à une photo d’identité, très fidèle, avec une expression paisible, est la dernière œuvre de Raeburn, elle se trouve à la National Gallery d’Écosse. Mais il avait aussi peint Scott quelques années auparavant, une œuvre remarquable ; il est assis sur un rocher, avec ses deux chiens à ses pieds, à l’orée d’un bois et sous un ciel menaçant. La toile appartient à une collection privée.

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Bizarrement, le tableau de Raeburn qui a lancé sa réputation actuelle n’a fait surface qu’en 1949, lorsque le musée écossais l’a acheté aux enchères. Surnommé le Skating Minister, le « pasteur patineur », il ne ressemble pas aux portraits habituels de Raeburn. C’est même un sujet presque unique dans son abondante production : un personnage en mouvement. Si bien que certains commentateurs ont douté de son attribution. Mais lorsque l’on sait que le patineur était un ami de l’artiste, on ne voit pas pourquoi Raeburn n’en serait pas l’auteur. Ce personnage, Robert Walker, était le pasteur d’une église protestante des environs d’Édimbourg. Il avait passé sa jeunesse en Hollande, d’où peut-être son goût pour le patinage. Il était membre de la Société de patinage écossaise qui s’ébrouait au Duddingston Loch. Le titre officiel est d’ailleurs Robert Walker skating on Duddingston Loch. Et il patinait rudement bien, le pasteur, quelle grâce dans son mouvement, que le peintre a saisi subtilement. L’habit noir se dégage sur un fond presque entièrement gris, de la glace au ciel nuageux. Ce tableau date probablement des années 1790.

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A peu près dans la même décennie, on trouve un portrait très différent, qui est également rare dans l’œuvre de Raeburn : Innocence, la petite fille tenant des fleurs, qui a été légué au Louvre en 1962. Ce n’est pas le seul portrait d’enfant, certes, mais il montre un autre aspect de l’artiste. La petite fille, vêtue de blanc et chaussée d’escarpins rouges, le bouquet dans ses mains, sourit à peine. On a l’impression qu’elle s’ennuie et rêve déjà du moment où elle pourra s’échapper dans le paysage qu’on distingue derrière elle.

Raeburn innocence.jpg

Le Louvre, qui s’est intéressé à la peinture britannique au début du 20e siècle, possède sept Raeburn, dont le Capitaine Hay, l’un des deux portraits de militaires dans leurs beaux uniformes, et une jolie Mère et son enfant.

Au Musée d'art et d'histoire de Genève, un seul portrait, celui de Henry Dundas, 1er vicomte Melville, qui fut ministre dans le gouvernement Pitt. Il est peint vers 1803, à la fin de sa carrière, bouffi d'orgueil, la main posée sur une pile de dossiers.

 

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