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Féminiser

Pourquoi est-ce que l’autrice me déplaît ? Le mot, pas le métier. Sa sonorité me gêne. Elle me fait penser à une fautrice, de désordres, de guerre.

Évidemment, on peut parler de romancière, de raconteuse d’histoires, voire d’écrivaine. Même si ce dernier mot, comme au masculin d’ailleurs, donne à penser qu’on écrit des choses vaines.

Il y aurait d’autres manières de féminiser l’auteur. Meilleures ? Curieuses en tout cas.

Prenons quelques exemples :

- auteure, sur le modèle de professeur-professeure

- auteuse, sur le modèle de sauteur-sauteuse

- autoresse, sur le modèle de docteur-doctoresse

- autesse, sur le modèle de poète-poétesse

- auteresse, sur le modèle d’enchanteur-enchanteresse

 

N’en déplaise aux féministes dogmatiques, certaines femmes préfèrent garder le masculin, elles en sont fières, jugeant que cela leur donne davantage de dignité et de pouvoir.

Le vainqueur n’a pas de féminin, mais une femme peut être triomphatrice. L’assassin est uniquement masculin, encore qu’on puisse avoir une pensée assassine.

Épicène

Certains vocables restent similaires au masculin et au féminin, les épicènes : journaliste, ministre, peintre, ébéniste, médecin. Récemment, maire s'ajoute à cette catégorie, même si on peut la confondre avec la mère, comme notre fameuse Mère Royaume genevoise.

Pour se moquer d’un homme faible, sans énergie, peu viril, on le traite de femmelette, non pas d’hommelette, vocable qui n’existe pas encore et que je propose ici. En revanche, une femme passe pour hommasse lorsqu’elle ressemble à un homme par son allure et ses manières. 

Pour mettre fin à toutes ces divergences, notons que l’homme et la femme ont la même désinence – mme - ,  ce qui nous réunit vraiment dans l’espèce humaine.

Dans la rue

Les féministes ne se contentent pas de féminiser les mots, elles veulent aussi féminiser les rues.

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Une escouade d’historiennes, intitulée 100ELLES*, a établi une liste de femmes  qui mériteraient d’être mises en lumière. Des plaques roses ont été apposées au-dessous des plaques bleues, portant le nom de ces personnalités méconnues à leurs yeux.

Il en est qui surprennent.

photo prostituée.JPEG

D’autres qui semblent vraiment appropriées.

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De son côté la Ville de Genève commence à s’y mettre. Nous en avions parlé au moment où les premières propositions avaient été publiées. Une première série en 2021 et une deuxième en 2022 ont abouti sur 20 rues ou emplacements. (Je les avais signalées dans mes blogs du 21 septembre 2021 et du 11 mars 2022.)

Certains noms avaient fait grincer des dents, notamment celui de Grisélidis Réal. Cette écrivaine, peintre, provocatrice patentée pour la protection des prostituées, n’a pas encore trouvé de lieu où s’accrocher. Deux fois, les voisins des voies proposées s’y sont opposés.

La première fois, il s’agissait de lui offrir la rue Jean Violette à Plainpalais. Outre qu’il porte un joli nom, Jean Violette était un poète. Ne tuons pas les poètes. La deuxième tentative, aux Pâquis, paraissait plus appropriée. Là aussi, les voisins se sont récriés. La question reste en suspens, puisqu’elle figure, à la place des Alpes, dans la nouvelle liste de noms actuellement en discussion, à laquelle je consacrerai une prochaine chronique.

Un exemple

Mais auparavant, je souhaite mentionner une féministe irréprochable, l’historienne Michelle Perrot, qui éblouit son auditoire lors de la récente fête littéraire, Morges sur les quais.

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Elle présentait avec un de ses anciens étudiants, Eduardo Castillo, son dernier ouvrage, Le Temps des féminismes (Grasset, 2023). Cette personnalité si brillante, si lucide, si chaleureuse, porte joyeusement ses 94 ans. La vieillesse n’est pas toujours un naufrage. Michelle Perrot en est la preuve vivante.

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