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Marius Borgeaud à Aigle

Il n’y a pas de meilleur lieu pour présenter l’exposition Marius Borgeaud autour d’un verre que la ville d’Aigle. Son imposant château n’abrite-t-il pas le Musée de la vigne, du vin et de l’étiquette ?

La trentaine de tableaux, réunie dans l’Espace Graffenried par l’Association des amis de Marius Borgeaud à l’occasion du centenaire de sa mort, présente en effet le verre de vin comme un objet prédominant dans l’œuvre du peintre vaudois.

Lorsqu’il s’est lancé dans la peinture à l’âge de 40 ans, Marius Borgeaud a choisi comme principal sujet des scènes d’intérieur de café. Le verre de vin, sur une table autour de laquelle sont assis des hommes portant chapeau, est sans doute l’objet le plus représenté. Que ces bistrots aient été peints en Bretagne pour la plupart importe peu. Ils auraient pu aussi bien se trouver dans des villages du canton de Vaud.

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Le vieux à table, 1922 (coll. privée)

Marius Borgeaud (1861-1924) n’était pas prédestiné à devenir peintre. Fils de banquier, né à Lausanne,  il commença même par travailler dans une banque à Marseille. Mais la mort de son père lui laissant une jolie fortune, il passa une dizaine d’années à la dilapider en menant la grande vie. Ce qui eut pour résultat que, en 1900, souffrant de ses excès, il fut contraint de subir une cure de désintoxication et placé sous tutelle.

Peintre à Paris

Tournant radical dans son existence, il décide de se consacrer à la peinture et part pour Paris. Il prend des cours dans les académies de Humbert et Cormon. Il côtoie des artistes romands tels que Vallotton, Steinlen, Biéler, Auberjonois. Très vite, il se fera connaître, exposant au Salon d’automne dès 1904, puis régulièrement depuis 1908 et dans des galeries parisiennes.

D’abord sous l’influence des impressionnistes, il se rend, avec son ami Picabia à Moret-sur-Loing, qui avait été le fief de Pissarro et Sisley. Mais lorsqu’il découvre la Bretagne en 1908, il trouve son style. On aurait pu croire que les paysages, les monuments, la mer deviendraient des sujets d’inspiration. Au contraire, c’est alors qu’il se concentre dans l’évocation de salles d’auberge. Après Pont-Aven, il passera de longues périodes à Rochefort-en-Terre, où il rencontrera celle qui deviendrait son épouse, puis à Faouët et Audierne.

Intérieurs d’auberges

Ce sont souvent les mêmes intérieurs, dont il modifie les détails, les couleurs. Les hommes sont assis à boire, les femmes ne sont que des servantes, des chiens ou des chats font partie du décor.

Le style est fruste, rustique, presque naïf. Mais en regardant de plus près, on constate à quel point le peintre a personnalisé son sujet.

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Les joueurs de cartes, 1915 (coll. privée)

On ne sait si Borgeaud a été intéressé par la peinture hollandaise du 17e siècle, dont les scènes d’intérieur ont fait la renommée de Vermeer, Ter Borch, Ostade ou Jan Steen. De même, 14 juillet, la plus grande toile de Borgeaud, fait penser aux portraits de guildes et de régents si caractéristiques de cette époque aux Pays-Bas.

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14 juillet, 1914 (Musée de Laval)

Œuvre unique dans sa production par ses dimensions (178.5 / 194 cm), son sujet et son histoire posthume, 14 juillet, qui date de 1914, est présentée pour la première fois en Suisse. Cette réunion d’officiers français se saluant le verre à la main appartenait à un propriétaire français. Lorsque celui-ci s’est rendu compte que le marché d’art suisse s’intéressait particulièrement à Borgeaud, il a souhaité la vendre de l’autre côté de la frontière. Mal lui en a pris.

Etant donné qu’il s’agissait d’un tableau  peint en France sur un thème national, la France s’y est opposée et a fait valoir son droit de préemption. Achetée par l’Etat, la toile a été remise au Musée d’art naïf et d’arts singuliers de Laval. On peut se demander si Borgeaud aurait imaginé se retrouver dans un tel environnement et s’il est heureux d’être enfin exposé dans une galerie vaudoise.

 

Marius Borgeaud autour d’un verre, Espace Graffenried, place du Marché 2, Aigle. Jusqu’au 10 mars. Tous les jours, sauf lundi.

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L’Espace Graffenried se trouve dans l’ancienne maison de ville d’Aigle qui avait été acquise par un certain Nicolas de Graffenried au 16e siècle. Il partage les lieux avec l’Office du tourisme, la préfecture et un stand de dégustation des vins.

 

P.S. Ne pas confondre Marius Borgeaud avec Georges Borgeaud (1913-1988), autre peintre vaudois qui a fait la majeure partie de sa carrière à Genève.

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Georges Borgeaud : Paysage de Bretagne (coll. privée)

  

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