Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Confusions

Pourquoi supprime-t-on si souvent un signe de négation ? Je comprends pas. C’est pourtant pas si difficile.

Parfois, on élimine totalement la négation, au risque de lui donner une signification absolument inverse : « T’inquiète », dira un enfant à sa mère, au moment d’entreprendre une action un peu hasardeuse. Cela ne prête-t-il pas à confusion ?

De même, dans un titre de journal, on peut lire : « Plus d’armes pour l’Ukraine ». Que veut-on dire ? N’envoie-t-on plus d’armes vers l’Ukraine ou en envoie-t-on davantage ? Par la même formulation on exprime exactement deux idées contraires. Dans ce cas, la différence, essentielle, n’est pas visible, mais elle est audible, puisqu’on prononce ou non le « s ».

Ainsi que le « ne », le « s » sert d’aide à la compréhension dans bien des cas. Quelle différence y a-t-il entre « sans un franc » et « cent un francs » si on ne prononce pas le « s » ?

 

La confusion s’opère également en cas d’homophonie. Quand je déclare que le montant m’a causé un choc, de quel montant s’agit-il ? Est-ce le montant de porte contre lequel j’ai buté ou le montant de la facture dont la somme m’a paru exorbitante ?

Somme pose d’ailleurs un problème en soi. Selon qu’il est masculin ou féminin. Au masculin, un petit somme (le sommeil, mais plus court) nous repose, comme un clopet (en langage romand), un roupillon ou une sieste. La somme en revanche est une accumulation. Elle provient du latin, le point le plus haut, summus. La somme d’argent peut être grosse ou petite, mais une somme d’ennuis ne laisse pas de marge à l’erreur : elle nous assomme.

Curieusement, la bête de somme ne partage pas la même étymologie, qui a varié selon les siècles. La somme représente ici une charge.

 

Un circonflexe suffit parfois à modifier le sens. Voyez l’icône, avec ou sans son petit chapeau. Mon logiciel me l’a immédiatement ajouté alors que je ne le voulais pas. Car icone (sous influence de l’anglais) est « un signe qui ressemble à ce qu’il désigne » selon le Petit Robert. Ce sont ces petites images qui remplissent nos téléphones portables et nos ordinateurs, que nous élucidons ou pas.

Le circonflexe de l’icône, d’autre part, devient un caractère religieux. Il désigne une peinture biblique dans les églises chrétiennes d’Orient.

Actuellement, qui connaît cette différence ? J’avoue qu’il m’a fallu consulter mon dictionnaire pour la dénicher. Lorsque nous admirons une étoile du cinéma ou de la chanson, elle représente une personnalité iconique. Qui n’a rien de divin. Elle ne produira pas de miracles. Inutile de lui adresser une prière.

 

La prière, d’ailleurs, n’offre-t-elle pas aussi des suggestions opposées ? Si nous prions Dieu, de quelque religion qu’il se décline, nous espérons un bienfait, une attention. Si nous prions quelqu’un de fermer la porte, nous donnons un ordre. Mais si vous priez un ami de fermer les yeux sur la légère erreur que vous venez de commettre, il n’y a rien là de comminatoire.

 

 

Mettons un terme à cette liste de termes qui prêtent souvent à confusion avec une formule : 7HT. Elle se prononce de trois façons :

- C’est acheté

- C’est tacheté

- C’est à jeter

A choix !

 

Comme l’a écrit Musset dans Fantasio, « Jouer avec les mots est un moyen comme un autre de jouer avec les pensées, les actions et les êtres ».

Les commentaires sont fermés.