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Plaisirs interdits

Sur une place genevoise, des dizaines de pigeons se disputent quelques bouts de pain rassis que leur lance une vieille dame.

Je l’apostrophe, en citoyenne soumise : « Oh, Madame, ce n’est pas permis, ce que vous faites ! Il ne faut pas nourrir les pigeons, ils font plein de saletés ! » 

La brave dame se tourne vers moi : « Je sais, mais je les aime tellement ! C’est mon seul plaisir. Je suis presque aveugle », elle me montre un œil triste à travers ses lunettes un peu sales. « Il ne faut pas m’en vouloir, excusez-moi ! »

Une autre histoire de femme et d’oiseau me revient en mémoire. C’était à la Halle 2 de la gare de Lyon. J’attendais le train pour Genève lorsque j’aperçus une femme qui lançait des miettes de pain à un pigeon aussi solitaire qu’elle. Une promiscuité qui lui était sans doute nécessaire.

La dame et le petit chien

C’est un chien dont la promiscuité cause un plaisir quotidien à une dame respectable. Même dans sa voiture. Au lieu de mettre l'adorable petit caniche blanc sur le siège à côté d’elle, la conductrice pose un coussin à sa gauche, le long de sa portière, où s’installe l’animal, tout tranquillement. Parfois il prend l’air par la fenêtre ouverte. Ce qui a valu à la conductrice une interpellation de la police et une amende. Mais une seule fois ! Et le petit chien conserve sa place rituelle à côté de sa maitresse.

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Il y a bien d'autres choses défendues et dont on brave l'interdiction tous les jours. Que pensez-vous des propriétaires de bicyclettes et de trottinettes électriques qui circulent sans vergogne sur les trottoirs ? Et les adolescents qui fument allègrement alors qu'ils sont trop jeunes pour se le permettre ?

Les cigarettes

Lorsque je travaillais la nuit dans une rédaction, une équipe de nettoyeuses arrivait tous les jours ouvrables vers 5h. du matin pour nous apporter une diversion attendue. L’une d’elles s’arrêtait un moment, histoire de bavarder et de fumer une cigarette. Ce qui provoquait instantanément une quinte de toux désespérante.

C’était l’époque lointaine où l’on avait encore le droit d’en griller une et de se griller les poumons à l’intérieur des bureaux. Fidèle à mes habitudes, soucieuse de la bonne santé d’autrui, je me permets de lui faire une remarque sur les sinistres effets de la clope sur ses bronches. Elle répond, comme la dame aux pigeons. « C’est mon seul plaisir ! » Je n’ai pas osé poursuivre la conversation, et me suis remise à mon travail au son de quelques grattements de gorge supplémentaires.

Une autre fois, c’est un homme que la cigarette entraîne - j’allais dire dans le péché – dans un acte répréhensible : il jette son mégot sur le trottoir. Je l’interpelle : « Hé Monsieur, ne jetez pas votre cigarette par terre ! » Je suis quand même un peu inquiète de sa réaction. Il se retourne et sourit : « Vous avez raison, j’ai même ce qu’il faut » ; il ramasse le mégot et sort de sa poche un petit cendrier. Nous avons tous deux l’impression d’avoir agi contre la pollution et pour le bien de la planète.

En hiver, je suis perpétuellement en infraction écologique : je ne peux me résoudre à baisser la température de mes radiateurs pour atteindre les 20 degrés, voire les 19 degrés que le chauffagiste nous encourage à adopter. Je suis frileuse, voyez-vous, je n’y peux rien. J'aime avoir bon chaud, comme on dit. La chaleur, c’est bénéfique pour ma santé d'ailleurs. Et zut pour la planète.

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